Beaucoup d’hommage, pas beaucoup de substance
Je ne suis pas un grand fan de James Gunn post-Troma : Super était for ordinaire, et que dire des horreurs de Scooby-Doo ! Slither se place dans sa carrière comme le film qui lui sauve la face – un film d’horreur à budget moyen, compétent, un peu drôlatique, qui rachète ses échecs Hollywoodiens, et met la table pour son grand saut dans l’univers Marvel (un contraste, somme toute, étonnant, à la lumière de ses productions quand même plutôt tièdes à cette époque-là).
Y’a du bon dans ce film-là, mais pas tant que ça ; ça passe comme un épisode un peu loufoque (et visqueux) d’une série télé américaine (et ça semble avoir à peu près ce budget-là) – y’a Nathan Fillion, toujours un plaisir à voir, qui s’amuse bien, même si on a l’impression de voir le Malcom Reynolds de Firefly (un personnage qui lui collait beaucoup mieux) dans un autre habit.
C’est plein d’hommages ; clins d’oeil rapides à Frank Hellenlotter (grand auteur de Frankenhooker), Wes Craven et son Freddy, Romero et son Night of the Living Dead, sans oublier la créature, une espèce de mélange entre Jabba the Hut et les beubittes déformées du Society de Brian Yuzna, ainsi que quelques autres détails juteux que je vous épargne pour ne pas vendre de punchs.
C’est plein de tropes ; le triangle amoureux tragique, le maire coké et complètement borné, la gougoune de service qui voit rien venir, la police incompétente, les humains déroutés par de minuscules beubittes, et bien sûr plusieurs métaphores visuelles olé-olé. J’ai trouvé la scène de gestation explosive (qui me ramenait à l’esprit le déjanté Mr. Creosote de Monty Python) bien originale et désopilante, par contre.
Ça culmine en hécatombe viscérale qui r’vole partout et qui fait du bien quelque part, parce que c’est rendu bien mince (les péripéties de la grenade qui rappellent un Batman twit en collants qui court avec sa bombe fumante entre les mains) et qu’ensuite la fin est une ligne droite.
Mais les dialogues sont minces, Elizabeth Banks cabotine et c’est grinçant tout le long et le personnage du maire est antipathique et désagréable ; même les brèves apparitions de Fillion, en anti-héros, ne peuvent pas racheter la sauce qui lève pas vraiment.
On aurait voulu plus de gags, plus de subtilités, plus de clins d’oeil, et moins de durée. Une bonne demi-heure de moins et ç’aurait probablement marché. Pas de quoi me convaincre que Gunn est capable de ficeler de bons films d’horreur, en bout de ligne.
Mais bon, y’a bien pire que ce film-là sur le marché, et pis, c’est pas Scooby-Doo.
Vu sur Shudder