Un véhicule pour Rebecca Hall
Je me suis jeté sur ce long-métrage avec beaucoup d’empressement, dû au fait qu’il avait fait beaucoup jaser à sa première l’an passé (et qu’il avait fait partie des sorties restreintes au cinéma de Fantasia 2022). De plus, Rebecca Hall a reçu beaucoup d’éloges pour Christine (que je compte voir) et le réalisateur David Bruckner a livré The Ritual (que je n’ai pas vu non plus), acheté par Neflix, qui lui aussi avait été bien reçu, avant de s’attaquer à The Night House.
C’est visiblement une histoire dans laquelle Hall s’est investie au grand complet, non seulement offrant ici une performance solide, mais s’étant aussi impliquée dans la production à titre de productrice exécutive.
Une sauce étirée, ça goûte le dilué
Quelle déception ! Le long-métrage est d’une longueur exigeante, qui semble aller nulle part et errer dans tous les sens, ce qui ne soutient vraiment pas le travail de Hall. Lorsqu’on arrive à la (très mince) fin, le film laisse en suspens un tas de trucs. La sauce finale ressemble à un bouillon qu’on a tenté d’épaissir en jetant de la fécule ici et là et quelques épices tardives, mais qui livre un résultat très fade.
Il y a énormément de travail et de finesse pour les yeux – l’utilisation de l’architecture est brillante (même si le concept de l’identité miroir tombe à plat tellement il est mal utilisé), la désaturation sert le ton avec justesse et le design sonore frappe dans le mille – l’utilisation d’anarmophoses en lien avec l’architecture est une excellente trouvaille, entre autres !
Qu’est-ce qui cloche, alors ?
C’est un film qui ne sait pas où il va dans les deux premiers tiers, pour ensuite mettre l’accélérateur au plancher et déballer à vitesse grand V une intrigue qui, en toute franchise, ne tient pas la route.
On nous ouvre un tas de pistes qui sont autant de membres tronqués – est-ce un polar mystique ? Un drame psychologique sur le traumatisme ? Un film de possession ? Rien de tout ça, en rétrospective. Ça donne l’impression d’un épisode de Twilight Zone qui a été étalé presque jusqu’au point de rupture.
Je ne disséquerai pas la structure du film plus profondément, histoire de ne rien divulgâcher à ceux qui voudraient tout de même y jeter un œil – Y’a un tel fouillis de sujets (occultisme, satanisme, possession, traumatismes, infidélité, horreur corporelle) qui sont sacrifiés parce que saupoudrés comme pour cacher le manque de solidité de la trame centrale qu’on en finit essoufflés.
La dernière partie du film, qui se compose d’une (très longue) valse avec une entité invisible mène à une apothéose en queue de poisson, où il n’est pas clair si on nous annonce un cliché de cycle infini, ou une narratrice non fiable.
À éviter, malheureusement. Je veux ravoir mes 2 heures !
Vu sur Disney+