La comédie noire, un genre peuplé
Adapté d’une histoire (courte, j’imagine) de Jo Nesbø, Jackpot est en terrain connu : le coup fourré, au centre duquel se trouve une somme d’argent colossale. On pense à Reservoir Dogs de Tarantino, à Shallow Grave de Danny Boyle. Bien qu’ici, le ton se veuille plus vaudeville, une comédie des erreurs où tout le monde est incompétent et les bourdes (juteuses et de mauvais goût à souhait) s’empilent. Un humour qui tente d’être bonenfant, plus près du Waking Ned Devine de Kirk Jones.
L’absurde, c’est pas facile
Je ne connais rien de l’histoire originale de Nesbø, lui qui habituellement livre des polars noirs et tordus (adaptation de son roman The Headhunters, le coup-de-poing-dans-la-face Headhunters de Tyldum est un incontournable), mais elle me semble avoir reçu un traitement qui lui a définitivement limé les crocs, qu’on a remplacés par des dents de vampire en plastique.
L’histoire est rigolote – un détective (surjoué pour effet comique) est au prise avec un massacre dans un club vidéo porno doublé d’un bar de danseuses et dont le seul survivant lui déballe un récit rocambolesque. Évidemment, le bonhomme ne se laisse pas berner facilement. Sauf que son témoin/victime/suspect (il n’est pas vraiment sûr), narrateur douteux, ne lui laisse pas beaucoup de jeu.
L’exécution est efficace – on ne s’emmerde pas, le temps passe rapidement ; y’a quelques gags qui sont originaux. Mais la trame narrative s’essouffle ; l’aspect douteux du personnage principal n’est pas assez convaincant pour nous garder en suspense. On comprend bien dès le départ où ça s’en va. Les quelques tentatives de mêler les cartes ne sont vraiment, vraiment pas subtiles, et les plus rapides d’entre nous verront venir la fin bien avant le temps (je suis de ceux-là), ce qui gâche un peu le plaisir.
Au final
Les personnages manquent de profondeur – les loyautés virent comme le vent, les alternances entre couardise et hardiesse étourdie sont parfois difficiles à digérer. Mais, là, est-ce parce que le réalisateur gaffe, ou parce qu’on bouffe, tout comme le détective, une histoire qui, au fond, ne tient pas ?
Ça reste une comédie slave, un type de film qui est à l’aise dans la comédie un peu grasse tout autant que dans le noir décalé (un autre exemple du genre, de la Finlande cette fois, est définitivement Rare Exports, qui mord à pleines dents dans le Père Noël, malgré le fait que sa technique visuelle ne soit pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions).
Il est clair que le film bénéficie du ton joyeux et un peu niais (les gars auraient vraiment dû regarder Dexter!) des Norvégiens ; un américain ne s’en serait pas tiré avec un scénario pareil sans plonger dans la grosse farce débile.
Petit détail amusant : le titre norvégien, Arme riddere, signifie “pain doré”. Portez attention et vous saurez pourquoi.
Vu sur Tubi.