
En colère, endolori, fort et sensible à la fois
Pale Green Ghosts est un artéfact culturel très rare ; un album de synth-pop qui marche la ligne du techno, qui frappe dur et fort (la présence d’un membre de Gus Gus, groupe éléctronique Norvégien dont les atmosphères éthérées soutenues par des rythmiques de club sont établies depuis longtemps). L’album déchirant d’un fantasme déchu, d’une prise de conscience amère post-explosion.
C’est en quelque sorte un instantané du juste-après, du geyser de colère et d’agression qui nous envahit après la trahison, qui nous donne le goût de faire disparaître l’autre dans un bouillon magmatique qui ne pardonne pas.
C’est aussi le cri du coeur d’un homme qui a perdu pas juste son homme, mais une partie de lui ; Grant a contracté le virus du VIH, et ce n’est pas sans transparaître dans la vision de son monde qu’il présente ici.
Les arrangements pour cuivres augmentés d’une fondation percussive et de l’abondance de basse fréquences font résonner la cage thoracique autant que la cage émotive.
C’est entraînant, ça nous défoule (parce que lui aussi) et ça nous ramène (peut-être) à des expériences personnelles.
Si les Pet Shop Boys sont les ambassadeur du synth-pop pensant et cultivé, John Grant est celui du synth-pop bouillant de vrai.
À conseiller aux amateurs de pop et de club.