Takeshi Miike. L’enfant terrible du cinéma japonais. Prolifique n’est pas assez puissant comme adjectif pour le définir. Une machine à produire du matériel cinématographique, tous formats confondus. Une espèce de Coppola du Japon qui tournait à une vitesse insaisissable. En un an, on pouvait se retrouver avec du 70mm, du numérique, du VHS (sans blague!)… enfin, tout ce qui se fait.
Il s’est assagi là-dessus au fil des ans, mais il reste une girouette de genre, surtout connu pour ses films d’horreurs.
Et, franchement, ça donne parfois des classique (Ichi the Killer), parfois des trucs moyens. Je n’ai jamais compris l’engouement pour Audition, le film qui l’a révélé au monde ; un film long, avec quelques scènes oniriques qui valent le détour, mais au final un truc trop léger qui met trop de temps à livrer son punch final, qui ressemble plus à une petite claque.
Il saute à travers tous les genres (horreur, Yakuza, comédie, policier, drame, Western déjanté, et j’en passe), c’en est étourdissant.
Cette fois-ci, il rend hommage à Ultraman et aux autres séries du genre des années 60. Et la forme est exacte ; un professeur de troisième année mésadapté, replié sur lui-même, coincé dans une vie morne et sans affection, mais qui rêve la nuit d’être Zebraman, héros d’une série télévisé annulée. Il va jusqu’à se coudre son propre costume.
Ajoutez à cela des extra-terrestres qui envahissent la terre, un petit garçon en chaise roulante dont l’obsession pour Zebraman fait basculer le tout, des effets spéciaux numériques boboches (volontairement), jetez le tout dans le blender, et vous obtenez…
Un truc beaucoup trop long. Encore une fois, un cinéaste qui se permet un projet pour lui-même d’abord et avant tout. Bien que l’on sente l’amour que porte Miike à ce genre-là, le résultat est malheureusement dans le ton. Ce qui marche pour un épisode de série télévisé au quétaine assumé, dont la durée dépasse rarement une heure, devient une platitude totale lorsqu’on étire la sauce à 2 heures.
Les clichés abondent, ce qui fait que plus le film avance, plus c’est lourd et grinçant. La finale, qui se veut une apothéose de référence, finit par entremêler tentative de recréation et plagiat mal assumé.
L’hommage et la parodie sont un art délicat, difficile à bien faire. Quentin Tarantino, dont les opus deviennent eux aussi inégaux avec le temps, le démontre bien dans sa carrière. Ce n’est définitivement pas un hasard si Miike l’invite dans Sukiyaki Western Django.
Bref, on passe pour celui-ci, ça vaut pas le coup (et encore moins pour la suite, j’imagine!)
Vu sur Mubi.