Biais Je suis impressionné par Clancy Brown depuis qu’il a crevé l’écran dans la série Carnivàle, que HBO a sauvagement avortée dans l’œuf . Son Brother Justin transpirait la rage contenue et l’âme tourmentée, portée par une voix rocailleuse des enfers. Suffisait qu’il entre dans le plan pour que tout le reste s’évapore. C’est aussi une voix connue pour plusieurs d’entre nous – mais je ne savais absolument pas que c’est le délectable Neo Cortex, ennemi juré de mon adoré marsupial débile, Crash Bandicoot ! |
Soyons franc d’entrée de jeu : Mortuary s’inscrit dans la lignée du film fantastique à sketches tel The Twilight Zone, en ce qu’il est composé d’un groupe de courts métrages reliés ensemble par une trame narrative centrale. C’est un film qui existe dans le fantastique plus que dans l’horrifiant.
On nous offre une série de petites histoires qui touchent la même petite ville américaine, mises en contexte par un trame parallèle qui débute par la cérémonie d’adieu à un enfant du quartier et se poursuit avec un tête-à-tête avec une jeune fille ; c’est l’occasion pour le croque-mort du coin (Brown, qui le joue avec une lenteur et une lourdeur à laquelle on pourrait s’attendre d’un vieux plouc qui vit isolé dans son salon funéraire et que tout le monde trouve weird, y injecte aussi une étincelle de malice rieuse) d’exposer les récits.
Ce n’est pas du torture porn à la Martyrs, ce n’est pas un catalogue de jump scares à la Haute Tension. Y’a pas de commentaire social poussé ou de deuxième degré à la John Carpenter. C’est doux, étrange, loufoque, même – l’histoire qu’on nous offre d’entrée de jeu, avec son mélange tentacules et années 50 est directe et linéaire. Et c’est un de ses plus grands attraits. Le film veut nous divertir, sans plus, et ça marche.
D’histoire en histoire, on s’approche du coeur de la petite ville (jamais nommée) et vers l’horreur véritable de ce que l’on cache derrière nos sourires et notre innocence. Je ne me permettrai seulement d’énoncer que la dernière des quatre histoires est différente des autres, en étant plus récente et la membrane poreuse qui relie le salon, la petite ville et ses habitants.
Les effets visuels, souvent le talon d’Achille de ce genre de production si elle n’est pas à gros budget (le projet est chapeauté par Shudder.com), sont utilisés avec parcimonie et bon goût, ce qui évite au film de tomber dans le carton pâte et le quétaine.
Brown est producteur exécutif sur le film (étonnamment, IMDB ne le liste même pas dans la bannière de ce billet ; c’est pourtant le personnage pivot!), ce qui a sûrement contribué à assurer à son personnage une cohérence et une qualité de dialogue solide. Et le maquillage est définitivement pas piqué des vers. Encore ici, il “vole le show” et le jeu des autres acteurs en souffre en comparaison, mais la finale vaut la chandelle et redonne du souffle à l’ensemble.
Un film solide, qui se consomme comme un chausson à la pâte phyllo : craquant, goûteux, léger certes, mais jamais désagréable.
Sam Raimi a beau dire que c’est terrifiant, il en met peut être un peu quand même… Son Evil Dead, par contre, ÇA ça empêche de dormir !
Vu sur Shudder.com