
Biais Je déteste Uber, sous toutes ses incarnations. C’est une entreprise au modèle d’affaire sociopathe, à peine une coche en haut de l’approche basée sur l’exploitation de l’être humain d’Amazon. Mais je ne peux passer à côté de commenter leur coup publicitaire du Super Bowl 2021. |
Le Super Bowl
Ce happening télévisuel américain et ses super-pubs notoires, qui a donné lieu à des incrustations culturelles telles 1984 d’Apple, If you leave me now pour le site Pets.com (ça aussi, une histoire en soi), la puissante série des “Wassup?” (reprise avec brio par les producteurs de lait du Québec durant le Bye Bye – avec une version différente pour Ciné-Cadeau) et celles qui furent controversées (je ne le retiens que pour les pubs, le sport à la télé m’emmerde royalement).
Je n’ai en vu qu’une seule pour l’édition de cette année, mais elle est percutante. C’est, bien sûr, celle de Uber Eats (yark).
… Wayne’s World???
La pub ose ressortir des boules à mites le seul sketch à réussir l’ascension au film complet (basé sur la chimie entre deux losers qui ont une émission à la télé locale – chapeau à Penelope Spheeris pour une comédie solide et nouille à la fois). On on croirait, des décennies plus tard, être revenu en arrière, tellement ça marche.
Sauf qu’au bout de la (très drôle et directement dans le mille) pub, le clip sur Youtube continue… pendant 2 heures 29 minutes ! Axé sur un plan fixe, les deux twits décident de faire défiler, tel un générique, les 89,151 restaurants que Uber Eats extorque à un frais exhorbitant de 30%!
… Warhol ?
L’absurdité de l’exercice – le plan fixe de plus de deux heures n’est pas sans rappeler les œuvres étranges d’Andy Warhol – son Sleep, plan fixe de 5 heures sur un homme qui dort, ou son Empire, plan fixe de 8 heures au ralenti sur l’Empire State Building. Bien que Warhol ait une visée de réflexion par rapport au temps, de voir une entreprise crasse utiliser comme technique de vente la lenteur à la Warhol a quelque chose d’ironique. Quelque chose qui en fait un artéfact qui se mord la queue, puisque la pub ici emprunte la technique d’un art qui a toujours voulu souligner l’absurdité immonde de la pub qui élève le mondain à un phénomène culturel.
… ça reste du Uber Eats
C’est frappant de voir Uber cacher son jeu derrière la liste des noms des commerces qui lui servent de source de revenu, tout en les dépossédant de leur identité (pas de logos, et, franchement, qui va vraiment lire la liste des noms qui défilent?). Un exercice de “remerciements” selon l’entreprise, qui est plutôt un gag sur le dos des restaurateurs qui ne sert, au final qu’à mousser la méga entreprise.
Du pur Uber, quoi, mais dans un emballage scintillant qui lui permet (encore une fois) de prétendre se détacher de ses impacts réels.
Méta, à plusieurs niveaux.
ENCOURAGEZ PLUTÔT EVA, coopérative québécoise qui attaque le même marché qu’Uber, et qui est maintenant à Montréal. Parlez-en à vos restos favoris !