Une œuvre magistrale

Ce (court) album de Björk est (à ma connais­sance) sa seule trame sonore, for­mant la colonne ver­té­brale du très puis­sant film Dan­cer in the Dark (Lars Von Trier), qui mérite défi­ni­ti­ve­ment un billet à lui seul.

32 minutes dans l’u­ni­vers de cette grande dame de la créa­ti­vi­té. Une expé­rience que j’af­firme être plus acces­sible que ses autres opus pour le grand public, dû à la nature plus directe des paroles et à une nature moins expé­ri­men­tale et plus fine. Éton­nant d’ailleurs qu’il ne soit pas pas­sé plus à l’his­toire. La fac­ture et l’in­ten­tion sont moins cho­quantes, que, par exemple, son mur de son, Vol­ta.

Moins original pour les puristes

Si l’on connaît bien Björk, aucun des mor­ceaux ne désar­çonne. Et, loin de l’a­moin­drir, ça le rend plus sujet à être écou­té en boucle. Moins tech­no que Post ou Homo­ge­nic, annon­cia­teur de la dou­ceur et la déli­ca­tesse de Ves­per­tine.

Ce n’est pas un album expé­ri­men­tal, et c’est là sa force. Il pré­sente une Björk confiante, affir­mée et directe. D’au­tant plus que le per­son­nage de Sel­ma, qui vient clore le cycle sur le sacri­fice fémi­nin de Von Trier, est un per­son­nage fort, déci­dé, mal­gré l’ad­ver­si­té, à suivre son coeur.

On y trouve des pièces comme Over­ture, qui avec son refrain explo­sif de “Clat­ter, crash, bang!” semble une évo­lu­tion directe de sa reprise de It’s Oh So Quiet sur Post.

Ou encore, la bou­le­ver­sante I’ve seen it all, avec Thom Yorke, un cri contre la fata­li­té et la rési­gna­tion qui vous pince les cordes sensibles.

Je le ferais écou­ter à ma mère, avec la convic­tion qu’elle apprécierait.

Un équilibre fragile

L’his­toire est crue, sans pitié. L’al­bum qui la ren­force oscille entre le mélan­co­lique et l’in­no­cence. Ce qui convient par­fai­te­ment à Sel­ma. Pas facile de marier le fan­tasque de son uni­vers oni­rique et la gri­saille de sa réalité.

Mais Sel­ma­songs le fait sans effort.

Un coup à la Blade Runner

Tout ce qu’on aurait pu sou­hai­ter, c’est une galette addi­tion­nelle conte­nant la vraie trame sonore du film ; Sel­ma­songs ayant orné les tablettes avant Dan­cer in the Dark et étant un album stu­dio, il en dif­fère de manière importante. 

Mais pas pour les mêmes rai­sons que l’in­fâme pâle copie que nous avait offert War­ner Bro­thers de la trame sonore de BR (qui ne sera fina­le­ment audible dans sa ver­sion cor­recte que sur vinyle édi­tion limi­tée, des décen­nies plus tard!)

Des mor­ceaux voient leurs paroles ajus­tées pour évi­ter de vendre le punch, (on com­prend), des mor­ceaux manquent (!) et, le plus dur, la ver­sion du film de la pièce I’ve Seen It All, qui à mon humble avis dépasse lar­ge­ment celle du disque, y brille par son absence.

En atten­dant une édi­tion de luxe (peut-être), ça reste une pierre angu­laire de la dis­co­gra­phie de Björk et un incontournable.

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